Posted: 25 Jan 2011 12:30 PM PST





Un millier de manifestants continuent de réclamer mardi matin la démission du gouvernement de transition, sous les fenêtres du premier ministre. Un remaniement ministériel est imminent.

Dix jours après la chute du régime de Ben Ali, les tensions restent vives en Tunisie. Un millier de manifestants réclamaient de nouveau mardi matin à Tunis la démission du gouvernement de transition dominé par des membres du régime déchu de l’ex-président Ben Ali. Bravant le couvre-feu, la grande majorité d’entre eux ont campé dans le froid, pour la seconde nuit d’affilée, sur la grande esplanade de la Kasbah, qui jouxte les bureaux du premier ministre de transition, Mohammed Ghannouchi.

Lundi, des milliers de personnes avaient déjà manifesté toute la journée sans relâche. Il s’agissait notamment de membres de la «caravane de la liberté», une marche qui avait réuni dimanche plusieurs milliers d’habitants venus des régions déshéritées du pays pour demander la démission du gouvernement. Dans la matinée, des heurts s’étaient produits entre manifestants et policiers, alors que ces derniers tentaient d’exfiltrer des fonctionnaires du siège du gouvernement. Des manifestants avaient ainsi lancé des pierres et des bouteilles sur les forces de l’ordre, qui avaient répliqué en tirant des gaz lacrymogènes. Plusieurs avaient cependant réussi à s’introduire dans l’enceinte du palais, dont des vitres avaient été brisées.

Le général Rachid Ammar avait pourtant, dans une intervention très remarquée, demandé de quitter les lieux aux manifestants, parmi lesquels beaucoup de jeunes, originaires du centre frondeur et déshérité du pays, d’où est partie la Révolution du jasmin ayant provoqué la fuite de l’ex-président Ben Ali. «L’armée est garante de la Révolution et elle restera fidèle à la Constitution», avait assuré le militaire, auparavant inconnu mais devenu un héros depuis qu’il a refusé que ses troupes tirent sur les manifestants, accélérant la chute du président Ben Ali, qui a fui le 14 janvier en Arabie saoudite.

La création d’un «comité des sages» ?

Mais pour les «irréductibles de la Kasbah», quartier qui concentre les principaux ministères tunisiens, les données du problème n’ont pas changé : ils demandent sans relâche la démission du gouvernement. Lundi après-midi, une explosion de joie avait d’ailleurs retenti sur l’esplanade, lorsqu’une rumeur faisant état de la démission du gouvernement s’était répandue comme une traînée de poudre, avant d’être démentie.

Les manifestants conservent l’espoir d’obtenir gain de cause. Lundi après-midi, le porte-parole du gouvernement avait annoncé qu’un remaniement ministériel était imminent, «peut-être d’ici à demain» mardi. «Il ne faut pas oublier qu’il y a des postes non pourvus», avait-il déclaré dans un entretien à l’Agence France-Presse, rappelant que cinq ministres avaient démissionné la semaine dernière : trois syndicalistes, un opposant, et un membre de l’ex-parti au pouvoir le Rassemblement constitutionnel tunisien (RCD). «Peut-être qu’il va y avoir de nouvelles démissions. Donc, il y aura un minimum de six, sinon plus, postes à pourvoir, et cela va nécessiter forcément un remaniement ministériel, d’ici peut-être à demain», avait ajouté Taieb Baccouch, également ministre de l’Education. Selon certaines sources, ce remaniement pourrait aussi aboutir à la création d’un «comité des sages» appelé à remplacer ou à superviser le gouvernement de transition contesté par la rue et «protéger la révolution».

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