Un brin de patience et beaucoup de diplomatie, voilà ce qu'il faut pour esquiver les inopinées mésententes entre mamans et filles.


Complémentaire ou conflictuelle, la relation mère-adolescente ne trouve pas son pareil en matière de complication mais aussi en matière d'amour possessif. Tantôt amies, tantôt rivales, les mères et leurs filles constituent bien souvent un couple «infernal». En effet, pressées de grandir, les jeunettes se cherchent une identité qui répondrait mieux aux besoins que leur dicte leur passage à l'âge adulte. Toutefois, si à l'adolescence les jeunes fillettes deviennent de plus en plus femmes, leurs mamans, elles, deviennent de plus en plus perplexes. Car cette période promet d'être la plus longue de l'existence des deux parties.
Et curieusement, à la vue de ces mères «très copines» avec leurs filles, l'on se confond d'admiration et l'on s'interroge systématiquement sur leur «astuce» et ce, pour la reproduire chez les mères-filles «ennemies». Lycéenne, Nahid est tout au moins fière de sa mère qui est en même temps, sa seule et unique confidente voire son immense défouloir. «Je crois que je raconte tout et rien à ma mère. De même, je ne me souviens pas de l'avoir déçue un jour, car je respecte les limites que me dictent mon amour et mon respect pour elle», témoigne-t-elle.


Aussi, pour cette jeune fille de 15 ans, rares sont les fois où son «amour de maman» a essayé de pénétrer dans son jardin secret ou d'épier son courrier personnel, ses SMS ou alors les rendez-vous notés sur son agenda. Car ces mères auraient compris que les conseils valent beaucoup plus que les avertissements. De même, la confiance est certainement la meilleure solution qui puisse exister face à ce genre de duels. Après tout, une mère ne souhaitera pas plus que le bonheur de son (ses) enfant(s). D'un autre côté, selon un grand nombre de pédopsychiatres, une mère qui concilie si bien patience et diplomatie est assurément un modèle à suivre voire à «cloner». A fortiori si elle sait traverser les périodes difficiles et sensibles de l'éducation de ses filles sans couper la communication. Autrement dit, quand il s'agit de la relation mère-fille, la communication s'avère être le mot d'ordre.


Du côté des mères, il y en a qui comprennent parfaitement qu'une maman est la personne la mieux placée pour «forger» la personnalité de ses chérubins. De plus, dans ce genre de relations, il serait permis d'inverser les proverbes. Car : «si le silence est en argent, la parole est en or». Effectivement, mère de deux filles et professeur de français, Amina remarque : «Dans la famille marocaine, nous parlons à tort et à travers de beaucoup de futilités. Les séries égyptiennes, les matchs de football, en passant par la nouvelle bagnole des voisins. Bref, de tout sauf des relations amicales entre les membres de la famille et plus exactement de la relation entre mère et fille». Toutefois, beaucoup de mères font fi de l'importance de gagner la confiance de leur fille et optent pour le remède le plus cruel, à savoir la violence. Car justement, la vie n'est pas toujours «rose bonbon» dans les foyers marocains. Bon nombre d'adolescentes demeurent mystérieuses pour leurs parents faute de communication. Néanmoins, la question la plus épineuse est certainement relative aux problèmes de cœur de l'adolescente. Dans la réalité des choses, une fille pressée de devenir femme ne sait souvent pas à quel saint se vouer surtout lorsqu'elle possède une mère austère.


Quand cette dernière veut contrôler le devenir de son petit bout de femme, la situation devient pour le moins insupportable, car le cas échéant, bonjour les querelles…De ce fait, échanger les rôles sert assurément à comprendre son adolescente. La perspective c'est que la mère essaye de se mettre à la place de sa fille et ce, en cherchant à comprendre ses tentatives, parfois désespérées, de brûler les étapes et d'afficher sa différence. Car le plus souvent, celle-ci emprunte un chemin différent de sa mère (conflit de génération oblige). Rien de plus normal, s'accordent à dire psychologues et sociologues. Ce que beaucoup de mères ignorent, c'est qu'une fille, ce n'est pas forcément le miroir de celle qui l'a mise au monde. Donc inutile de la châtier à longueur de journée en lui lançant à tort et à travers des «tu ne me ressembles en rien» ou des «tu ne réussiras jamais dans ta vie si tu continues ainsi…». Car l'adolescente ne doit surtout pas porter le poids des attentes idéalistes de sa mère.


Etre une dame bien intégrée dans la société et dans la vie professionnelle, c'est déjà séduire sa fille et lui donner envie de suivre cette lancée. Cela dit, mieux que les discours moralisateurs, l'épanouissement dans sa vie de mère et de femme. Aussi, la maman se doit de se souvenir qu'elle a été aussi adolescente un jour.
Somme toute, de rupture en retrouvailles, le duo mère-fille demeure indissociable. Car quoi qu'il en soit, l'une ne peut absolument pas se passer de l'autre. Finalement, le foyer familial ne se limite pas à un «champ de bataille». Beaucoup de belles expériences s'y tissent, se vivent et se partagent. Et après tout, rien ne vaut la tendresse d'une mère.