La maturité de l’enfant pour l’écriture est très variable : 30 % ne maîtrisent pas leur motricité fine avant l’âge de 7-8 ans.
Le diagnostic de dysgraphie ne peut donc être posé qu’à partir de 7-8 ans, et pourtant les difficultés sont apparues progressivement dès la petite enfance.
Dès la maternelle, le petit écolier est confronté à une gêne dans le domaine graphique. Cette gêne s’exprime souvent au niveau de la coordination gestuelle (dyspraxie). Il a du mal à écrire son prénom, même en majuscules typographiques. Il rechigne à dessiner, à colorier, les travaux manuels ne l’attirent pas.
En grande section, même si la plupart des enfants montrent une maladresse motrice, cet élève-là se fera repérer par son institutrice ou son instituteur par le manque de progrès, par une forme de stagnation des exercices graphiques (dessins, formes préscripturales). Les cahiers sont mal tenus, sales, gribouillés, les feuilles parfois trouées tellement il force l’appui dans un geste de tension.
Les mêmes difficultés motrices se retrouvent dans le comportement extrascolaire : tenue des couverts à table, laçage des lacets, boutonnage des vêtements, etc. En CP, l’apprentissage de l’écriture va mettre tristement en évidence ses difficultés, car le décalage va être flagrant.
Le geste d’écrire implique la mise en place de plusieurs processus complexes plus ou moins automatisés suivant l’âge et le degré d’expertise de l’enfant : mobilisation des capacités d’attention (car il faut une production simultanée et séquentielle des facultés mémorielles), des habiletés langagières et cognitives, et enfin des habiletés motrices.
Pour entrer dans l’écriture, l’enfant doit se représenter la forme, par une représentation mentale, une image anticipée. Il faut également intégrer quel mouvement produira cette forme, dans quelle trajectoire graphique (sens gauche-droite de la page et sens du tracé de la lettre) puis avoir le bon geste pour réaliser cette forme.
Tant que le geste ne sera pas devenu automatisé, l’enfant restera « très collé » à cette forme. Si un de ces processus est défaillant, les difficultés surgissent et l’enfant se retrouve, malgré lui, très pénalisé.
L’enfant va prendre conscience de son handicap lorsqu’il va comparer sa production à celle de ses camarades. Il risque alors de se décourager car même de gros efforts ne pallieront pas ses difficultés, qu’il ne peut résoudre seul. Il est alors happé par la spirale infernale de la perte de confiance en ses capacités, parfois accentuée par les jugements négatifs de son entourage, et du dégoût, du rejet de l’écriture. Peu d’enfants dysgraphiques aiment écrire !
Ajuriaguerra définit ainsi l’enfant dysgraphique : « est dysgraphique tout enfant dont la qualité de l’écriture est déficiente alors qu’aucun déficit neurologique important ou intellectuel n’explique cette déficience ».
Cette déficience se manifeste par des troubles de la forme et du mouvement, une mauvaise prise de position de l’espace feuille, un manque d’aisance caractérisé entraînant bien souvent de la lenteur.
Il est important de rappeler que la dysgraphie ne correspond pas à un retard d’écriture, les écritures dysgraphiques ont une sémiologie qui n’appartient qu’à elles et qui est à dissocier de la notion de retard d’apprentissage.